Discours de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa à la Conférence Mondiale de l’UNESCO sur l’éducation pour le développement durable à Aichi-Nagoya (Japon).
Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Votre Altesse Impériale le Prince Héritier du Japon,
Votre Altesse Impériale la Princesse Héritière du Japan,
Madame Irina Bokova, Directrice Générale de l’UNESCO,
Son Excellence Hakubun Shimomura, Ministre de l’Education, de la Culture, des Sports, et des Sciences et Technologies du Japon,
M.Hideaki Ohmura, Gouverneur de la Préfecture d’Aichi,
Honorables Ministres,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec un grand intérêt et une réelle satisfaction, que Je prends part à cette Conférence mondiale organisée par l’UNESCO et le Gouvernement Japonais.
Je voudrais, à cet égard, rendre hommage aux autorités japonaises pour l’accueil chaleureux et l’excellente organisation de cette manifestation internationale.
Mes sincères remerciements s’adressent également à Madame la Directrice Générale de l’UNESCO, pour m’avoir conviée, en tant qu’invité d’honneur, à cette importante rencontre.
Mesdames et Messieurs,
C’est un moment décisif de bilan, d’apprentissage croisé et de remobilisation de tous, que nous devons saisir pour faire avancer l’éducation au développement durable, en tant que dimension centrale et inéluctable de l’action globale au service de la protection de l’environnement et du développement humain et durable.
La Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement partage l’esprit et les valeurs qui animent la Décennie des Nations Unies pour l’éducation au développement durable. Son action s’est inscrite par anticipation dans cette Décennie dès sa création en 2001 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Dotée d’une grande autonomie de moyens et d’action, la Fondation que j’ai l’honneur de présider, est d’abord l’expression d’une volonté, au plus haut niveau de l’Etat, de placer le citoyen au cœur de la stratégie de développement durable du pays.
A cet égard, la nouvelle Constitution du Maroc consacre très explicitement le droit au développement durable et à un environnement sain. Elle reconnaît également le rôle majeur dévolu à la société civile et aux ONGs dans l’encadrement des citoyens et la participation à l’action publique.
Penser et agir pour l’environnement – dans sa plus large appréhension – c’est prendre conscience que la planète est non seulement un legs précieux, mais une dette lourde que nous devons honorer envers les générations futures.
C’est pourquoi ces générations d’avenir sont les cibles principales de l’action de la Fondation Mohammed VI. C’est pour elles, et à travers elles, que nous travaillons à sensibiliser et éduquer aux valeurs et aux comportements du développement durable.
Cette action, la Fondation la mène d’abord à l’école primaire. Fidèle à sa démarche, en partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale et en fédérant les associations d’enseignants et d’éducateurs, les élus et les ONGs locales, ainsi que les opérateurs économiques, la Fondation mise sur l’éclosion d’une nouvelle génération « éco-responsable », acquise aux valeurs du développement durable.
Dans l’enseignement secondaire, notre action cible l’éveil et la curiosité des jeunes en les amenant à prendre conscience de leurs responsabilités individuelle et collective vis-à-vis de l’environnement.
Notre fondation est également en train de mettre en place un Centre d’éducation au développement durable, qui se veut un centre de ressources et de développement de compétences.
Nous considérons les médias comme un acteur et partenaire essentiel ; de même que nous accordons un intérêt particulier aux diverses formes de conscientisation et de mobilisation que permettent aujourd’hui les nouvelles technologies d’information et les réseaux sociaux, notamment grâce au changement d’échelle et des impacts massifs que peuvent avoir nos campagnes.
Mesdames et Messieurs,
L’un des défis majeurs à relever en matière d’éducation au développement durable, est celui de la pertinence et de l’efficacité sur le terrain ; pour que nos efforts ne s’arrêtent pas au seul discours, juste et sincère, mais parfois sans effet tangible.
Car expliquer les bons gestes ne suffit pas : il faut en montrer l’exemple sur le terrain, et de manière cohérente. Et pour cela, il faut développer une pédagogie active.
Dans ce schéma d’éducation par l’exemple, il faut noter que les grands projets nationaux peuvent avoir un effet d’entrainement bénéfique. En témoigne l’exemple de l’ambitieux projet solaire Marocain- le plus grand au monde- qui suscite chez les jeunes écoliers et étudiants des vocations dans le domaine des technologies propres, des concours d’innovation organisés dans les écoles, des courses de voitures solaires et d’autres initiatives louables de ce type.
Eduquer et agir : tels sont les deux principes qui vont de pair dans tous les programmes de notre Fondation. C’est sur cette base qu’elle fédère et mobilise l’ensemble des composantes de la société, autour d’objectifs concrets, à vocation locale, touchant directement le citoyen et comportant une forte dimension éducative. « Tous pour l’Environnement », telle est la devise de la Fondation.
Que ce soit pour l’initiative « Plages Propres » – le Maroc dispose de près de 3600km de côtes -, du projet de sauvegarde de la Palmeraie de Marrakech, de la réhabilitation des parcs et jardins historiques du Royaume, ou encore de l’amélioration de la qualité de l’air, notre démarche est systématiquement expliquée de manière concrète et pratique, mettant en exergue les mécanismes de dégradation de notre patrimoine naturel et les moyens de le préserver.
C’est ainsi que lors de la préparation du Rapport National à destination de Rio+20 en 2012, la Fondation a pris l’initiative d’organiser un forum sur la consommation responsable. Ce forum a permis à un échantillon de jeunes lycéens de confronter leurs idées avec des responsables, acteurs associatifs et médias, et de formuler nombre de recommandations pertinentes et pratiques.
L’exercice a été réédité l’année suivante, à l’occasion de la 7éme session du congrès WEEC, tenue à Marrakech en 2013, où des jeunes lycéens ont été associés dans le rôle de journalistes-citoyens.
Enfin, je souhaite rappeler l’importance et le rôle de l’éducation religieuse qui ne doit pas être exclue de l’effort collectif, bien au contraire, car elle permet de mobiliser les ressources symboliques du patrimoine immatériel des nations, par exemple au service de la sensibilisation à l’économie dans l’usage de la ressource en eau. Il s’agit là d’un canal essentiel à ne pas négliger en matière d’éducation au développement durable.
Mesdames et Messieurs,
Beaucoup reste à faire en matière d’éducation au service du développement durable ; chacun est appelé, selon son statut et ses moyens, à y apporter sa contribution, aussi modeste soit-elle, avec persévérance et dans le cadre d’une cohérence globale.
Travailler à cette cohérence globale et se donner les moyens de réussir, voilà le double défi qui se pose à nous pour la décennie à venir, où de nouveaux objectifs sont proposés dans l’Agenda post-2015 des Nations Unies.
Je tiens à saluer ici le leadership de l’UNESCO en matière d’éducation au développement durable, et à féliciter l’ensemble des parties prenantes pour les plateformes d’action proposées.
Cette éthique de cohérence s’impose à tous : au Nord comme au Sud, aussi bien à l’échelle des pays que dans les enceintes internationales. Elle s’impose au même titre que l’exigence de pertinence et d’efficacité qui manque parfois à de nombreuses actions, en dépit de la bonne volonté qui anime leurs porteurs.
L’éducation au développement durable est à la fois une tâche exaltante et un combat de longue haleine, car elle vise les mentalités et cherche à modifier les réflexes et les comportements à l’échelle de nos sociétés. Une tâche qui appelle un élan soutenu, Transgénérationnel, à la hauteur de l’ambition de voir émerger une citoyenneté mondiale avertie, engagée et responsable vis-àvis de son avenir propre.
Je vous remercie.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh.